INTENSE VERCORS

Deux épisodes dans le Vercors me rappellent la météo incertaine qui s’annonce les prochains jours.
Le premier se passe au cœur d’un juillet caniculaire où je quitte Marseille en short et glisse dans mon sac un pull, une veste de pluie et un collant. Je me dis que ça suffira en cas de nuit fraîche.
Après une montée sur le plateau depuis Die je me retrouve à Font d’Urle sous une pluie verglaçante. Un peu têtu je souhaite continuer. A l’intérieur d’une maison, une dame âgée, voyant passer un zozo en short, m’invite à rentrer me réchauffer, mes doigts gelés ne parvenaient pas à décrocher mon sac. Elle me conduira ensuite dans la vallée.
La seconde fois se passe en début de printemps et il vient de neiger, nous avions prévu de traverser la partie sud du plateau depuis le Glandasse jusqu’au cirque d’Archail.
L’atmosphère de neige et de brume suggérait cette idée d’ailleurs tant recherchée.
Cependant l’une recouvrait les marquages des sentiers et l’autre empêchait la visibilité. Nous étions bloqués sur le plateau sans trouver les brèches pour en redescendre.
Ces deux expériences me firent prendre conscience des précautions à prendre avant de gravir la montagne.
En ce jour grisâtre, un plafond bas déverse de fines gouttes en continue. C’est le moment de tester le matériel, pantalon et veste de pluie, chaussons imperméables et diverses capuches pour les sacs avant et arrière.
Une mise en jambe me rapproche de Die puis je me dirige vers le col du Rousset, la lumière est intense.
En haut la pluie se glace et la brèche qu’offre le col intensifie le vent. Il y a un tunnel et de l’autre côté commence le plateau. Il n’y a pas de trace de neige comme supposé, je prends le chemin de terre.
La pluie révèle la végétation, déploie ses gerçures et dégueule ses flaques. La course se fait plus attentive sur les roches qui lèchent les pneus, je glisse. Lorsque l’arrière décroche, ça se maîtrise mais lorsque c’est la roue avant, la surprise provoque des gouttes de sueur, se frayant un chemin dans cet atmosphère froid.
En fin de journée je découvre une cabane dans un arbre, j’en fais mon nid.

Aux aurores, pendant l’heure bleue, une chouette résonne au creux de la forêt. Son écho traverse les prairies à chevaux situées sous mon perron. Lorsque le ciel s’enflamme d’une floraison éphémère les rôles s’interchangent et laissent place au coq.
Lever.
Ce Vercors cette fois, devait être accompagné d’Axel, mon ami qui mène Vaisseau Terre. La disparition de Woody en aura voulu autrement, je décide d’en rester là et de descendre jusque Grenoble par les départementales. Je dépose ma première revanche sur ce parcours et sais qu’à la prochaine, je serai bien accompagné.

Pause.